dimanche 30 septembre 2012

OP2 EP4 Un bateau ivre…



Hier soir, en sortant de table, les gens se sont attardés au bar plus que d’habitude. Oui, oui, on a nos habitudes à bord ! Et depuis le premier jour d’embarquement ou presque. Oui, car chacun, en effet, semble s’attacher à se trouver de nouveaux repères à bord. Le temps qui passe ici n’a pas tout à fait le même qu’ailleurs. Il paraît plus palpable, plus net. Les jours se suivent de façon assez monotone en particulier pendant les transits, où aucune escale ne vient chambouler cet ordonnancement pachydermique. Et en l’absence de ces étapes, de ces arrêts, il y a bien peu de perturbations. C’est un enchaînement linéaire des jours qui rythme un système très simplifié : un seul endroit où aller, le bateau, un seul groupe de personnes à côtoyer, les gens à bord, quasi aucune influence du monde extérieur, avec un seul accès aux actualités (une fois par jour, via un bulletin d’information de presse internationale), aucune modification dans le déroulement des journées (moments de travail, de repas, de détente ou de sport organisés toujours de la même façon). Bref, une succession ordonnée de moments, voilà une journée, une succession sage de journées fait une semaine. Alors le temps parait à la fois plus palpable, plus lent et moins marquant car monotone. Cette sensation du temps qui glisse mollement comme de la mélasse peut être parfois assez perturbante. Les rituels permettent alors de planter des repères dans cette matière épaisse. Le samedi soir est donc un de ces repères en plus d’être une très bonne occas’  de se marrer.

      

D’ailleurs, ce samedi c’est l’anniversaire du commandant ! Ou comment un bateau d’expédition, qui se trouve encore bien loin de la première terre, peut devenir une bonne vieille boite de nuit ! On sent l’ambiance qui change progressivement, les discussions s’élèvent, les rires résonnent, Emilien, le barman est interpellé à chaque instant, les glaçons tintent, les commandes de vodka-martini, cognac, armagnac fusent, les enceintes vibrent. On branche les projecteurs sur la piste de danse. Et finalement, notre petite troupe, perdue dans l’immensité de l’océan, vit une soirée qui pourrait avoir lieu n’importe où. Car la recette est simple : des gens, de la musique, de l’alcool (!), et roule ma poule !


        



Le DJ du soir tâtonnant un peu, je lui propose un coup de main. J’ai avec moi une petite compil des morceaux sur lesquels nous avons le plus dansé pendant les soirées dans les internats de Bretagne (merci Charlotte), et le résultat est immédiat : la piste se remplit instantanément, les morceaux s’enchainent au poil…Pendant quelques instants, je ne sais plus trop si je suis toujours sur le Marion ou déjà rentré à Rennes…si les silhouettes qui s’agitent sont Roland, Charlotte, Lulu, Emilie, Anne, Pauline et Louis… ou si ce sont encore des hivernants des bases … Sensation bizarre. Un petit tour sur le pont, au cœur de la nuit noire, m’enlève ce doute fugace…L’air marin et le bruit des vagues pourraient pourtant prolonger l’incertitude d’une Bretagne toute proche…Mais malgré tout, aucune hésitation, c’est bien le pont du Marion sous mes pieds, l’air de l’Océan Indien sur mes joues, le garde-corps de la coupée sous mes doigts…




To be continued !

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