jeudi 19 janvier 2012

Jeudi 12 Janvier : FILER ENTRE LES VAGUES


 Arrivée à PAF
 Idem, mais plutôt les gars cette fois-ci.
 L'hôpital de Kerguelen (SAMU KER)
 Anse des pachas.
 Pareil, en plus zen.
 Aussi, en moins bondissant.
 Entrecastaux (Amsterdam)
 Ils sont forts ces hivernants (crozétiens).

Le commandant est formel,
L’heure du départ a sonné.
Bientôt les mines enjouées,
Deviennent beaucoup moins belles !

On se dit vivement la prochaine.
Les embrassades ensuite s’enchaînent.
Et bientôt il faudra sauter,
Dans l’hélico, son ventre d’acier.

Et tout à coup , c’est fini,
Car en quelques tours de pales,
Le décor s’évanouit,
Au son du moteur qui râle !

Les kerguéléniens voient alors
Leur monde à eux depuis le ciel.
Ce qui leur semblait bien réel
Disparaît doucement, s’endort.

Voilà donc ce que nous avons vécu mardi après-midi ; après un chouette banquet digne des meilleurs épisodes d’Astérix (le chef de district en bout de table, levant son verre pour ouvrir le repas, où les conversations s’animent à mesure que les bouteilles se vident. 140 personnes à table, ça commence à faire ; de mémoire de kerguélénien, c’était là un record ! 

Auparavant, j’ai pu faire une petite balade très chouette autour de la base ; et pour une fois, j’étais tout seul, presque libre comme l’air (j’avais quand même une radio, et un périmètre précis à ne pas dépasser). J’en ai profité pour courir un peu, au milieu des grosses touffes d’azorelles, entre les colonies de mouettes et les gros éléphants de mer somnolant sur le côté du sentier ; je suis allé jusqu’à l’anse des pachas, une petite plage à 20 min de la base, qui abritent de gros éléph’ et quelques manchots ! J’ai aussi pu faire une chouette série de photos (bondissantes), sous une belle lumière, et avec le Marion-Dufresne en fond de paysage !
Puis, très vite, on est reparti de port-aux-français (PAF comme on dit en langage taafien). Cette OP est une rotation express où les escales n’excèdent jamais 36 heures. Nos passages sur base sont donc très courts, semblant juste un moment suspendu au milieu de notre longue route. Juste le temps de se dégourdir les pattes, de saluer les quelques hivernants qu’on connaît, de se promener un peu sur la base, de procéder aux échanges logistiques nécessaires (médicaments, appareils médicaux, récupération des déchets sanitaires, des périmés, des vieilles aiguilles…) et hop ! Retour à bord ! L’ambiance sur le bateau a aussi bien changé ; nous sommes bien plus nombreux (27 passagers au départ, puis 33 je crois et maintenant 54…en plus d’une quarantaine de membres de l’équipage).

Les nouveaux venus semblent très fatigués, probablement par quelques belles soirées de départ ces derniers jours, preuve que la mission se déroulait dans la joie ! Dès le premier soir, la moitié de notre tablée avait disparu entre l’entrée et le plat, bien aidée aussi par une mer formée. En effet, une belle houle nous attendait à la sortie de Kerguelen, sur le plateau sous-marin, au nord de l’île. Cette zone de bas fond amplifie souvent la houle du large, déjà forte en raison d’un petit tsunami à Sumatra il y a quelques jours ! Aussi, j’ai eu une belle série de consultations de gens vomissant au teint verdâtre…Dans cette mer agitée, le bateau a fière allure ; il est bien proportionnée, assez fin, plutôt stable, et semble se jouer des vagues avec agilité ; le commandant a légèrement modifié le cap pour ne pas être travers à la houle et le bateau se comporte ainsi très bien. Les conditions se détériorant encore, nous avons eu droit à une annonce générale réjouissante : « en raison des conditions climatiques défavorables, l’accès à la coupée ainsi qu’aux ponts avant et arrière est interdite jusqu’à nouvel ordre ! ».Rassurant…

Heureusement, juste avant cette annonce, nous avons eu le temps, avec Adrien (mais si, souvenez-vous), d’aller faire quelques plans vidéo à l’avant du bateau : avec une mini-caméra protégée dans son caisson étanche et placée au bout d’une perche, on a pu filmer le long de la coque du bateau, en plongée, pour bien montrer les conditions de navigation ; le résultat est chouette et très réaliste ! Depuis 36 heures, la houle s’est réduite, le vent a faibli (35 nds quand même à la sortie de Kerguélen) et l’accès extérieur a été ré-autorisé.
Aussi, les températures sont remontées, le fond de l’air est doux à présent, l’eau s’est réchauffée…La remontée plein nord est maintenant bien perceptible. Demain matin, nous serons en effet en vue de St Paul, où un petit arrêt est prévu : au programme, tour d’hélico « de souveraineté » (càd que le préfet en profite pour survoler ses territoires et « ainsi affirmer la présence française et par la même participer aux fonctions régaliennes du pays »), pose de casiers à langoustes (en fait l’élément le plus important pour la plupart des gens sur le bateau), tour en zodiac dans la baie du cratère effondré (je vais essayer de m’y glisser…dans le zodiac), puis direction Amsterdam pour la suite de la mission.

Je profite de ces transits plus calmes pour bouquiner (Aventures à Kerguélen de Rallier du Baty) en musique (Beirut, Connan Mockasin, Eddie Vedder, Arcade Fire, Baxter Dury, Radiohead, Erik Satie, The cat empire). C’est d’ailleurs un incroyable plaisir que d’écouter au casque les musiques qu’on aime, accroché au pont avant, en plein vent, en regardant les vagues se fracasser sur l’étrave, au pont de pulvériser dans l’air un paquet d’eau de mer ! Sacrée sensation où l’on se sent bien vivant !Je rentre alors, le sourire aux oreilles, trempé jusqu’au cou, en laissant un chemin d’écume jusqu’à l’entrée de ma cabine… Ca fait bien rire les rudes marins malgaches !

C’est l’heure pour moi de sauter dans mon lit : objectif : lever tôt pour essayer de monter à bord du zodiac !!
Prenez soin de vous ; la bise.

Martin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire