jeudi 19 janvier 2012

Dimanche 1er Janvier : BONUS TRACK


 Et c'est reparti ! L'ordre est immuable, voici le pilote du port qui va aider à faire sortir le Marion des eaux réunionnaises.
 Les paysages à venir emplissent les esprits.
 Et voici l'hôpital de bord et une partie de la commande des districts (au fond à droite).
 Et déjà il faut réinstaller l'appareil de radio !
 Voici une partie des passagers en ce début d'OP4.
 Oh, la frime !
 Adrien (à gauche) et Cédric.
 On espère que le Marion débute cette rotation sont de bons hospices.

 Est-ce qu'on ne trouverait pas une bonne dose de rêves et d'enthousiasme au fond de ces yeux !

Très bonne année 2012 à tous ! Qu’elle puisse vous conduire vers de belles rencontres, vous procurer plus de joies que de peines, vous pousser à continuer d’apprendre, de découvrir ! Dans le même ordre d’idée, il existe une affiche dans notre appart à St Pierre, qui reprend une citation de Ghandi je crois ; celui-ci dit : « vis comme si tu devais mourir demain, cherche à apprendre comme si tu étais éternel ». A méditer peut-être…
Je vous écris ce soir de la cabine 4047, pont D bâbord avant : soit celle du médecin titulaire à bord du Marion-Dufresne ! J’ai pris du grade en trois jours ! En ce moment même, Itunes a la bonne idée de me refaire écouter creep de radiohead (version acoustique) : un vrai bonheur ! Je glisse donc sur l’océan indien, très confortablement installé dans ma cabine douillette, bercé par une houle longue et régulière, les cheveux encore ébouriffés par ma balade nocturne sur le pont ! Il fait doux, l’air est calme, la musique invite à une sorte de relâchement extatique, aiguise les sens, donne envie de ressentir intensément tout son environnement ; écouter l’eau salée glisser sur la coque, aspirer profondément l’air marin et tiède de l’été austral, sentir les courants d’air chaud du large glisser sur ses joues, s’emmêler dans ses cheveux, entendre au loin les discussions tranquilles au bar, quelques éclats de rire des joueurs de baby-foot, observer la mine concentrée des scientifiques lancés dans une discussion pointue, attraper au vol l’air malicieux d’un ouvrier malgache qui vient de faire une bonne farce à son pote, surprendre la femme du préfet perdue dans ses pensées, contempler longuement le plancton phosphorescent s’illuminer dans la vague de poupe, brassé par les puissantes hélices du bateau. 

L’ambiance à bord est très calme et détendue ; l’OPEA actuel est beaucoup plus zen que le précédent, les passagers beaucoup moins nombreux (39 au total je crois), et se tiennent plutôt à carreaux, le préfet des terres australes étant à bord pour cette rotation ; on surnomme d’ailleurs volontiers cette OP comme une mission VIP, car recevant à son bord le préfet et sa femme donc, ainsi que leurs deux employés de maison (!),  le directeur de la réserve naturelle (Cédric), 2 artistes sélectionné par un concours du ministère de la culture pour passer 2 mois ½ à Kerguelen et y apposer l’originalité de leur regard ; il y a aussi à bord une équipe média (Adrien et Eléonore) pour la réalisation d’un documentaire vidéo concernant la vie sur base des militaires en opération extérieure.
La fin d’OP3 s’est déroulée sans anicroche (morbleu ! j’aime les expressions désuètes). J’ai pu profiter de la journée d’escale à Maurice pour retrouver Neetish, puis la nuit de mer passée, nous sommes arrivés à la Réunion sous une chaleur écrasante ! Les passagers se sont alors dispersés : certains rentrant directement en métropole, d’autres prenant quelques vacances à la Réunion. De notre côté, le programme était chargé. Après avoir attendu un peu notre petit camion estampillé TAAF bien sûr, nous avons rejoint St Pierre, chargés à ras bord : d’abord avec Jonas, le microbiologiste finno-belge que nous avons déposé à l’Ermitage où il retrouvait sa copine (le chanceux !) ; ensuite nous avons acheminé tous les bagages de nos collègues médecins au siège de TAAF, ramené les déchets médicaux à l’hôpital où nous avons aussi déposé notre Réflotron (automate de biochimie sèche) pour réparation et notre commande de produits médicaux à usage hospitalier. Ensuite, il a fallu transmettre certains échantillons sanguins au labo en ville pour analyse puis filer au siège où le préfet avait convoqué les médecins des bases et nous pour un débriefing sur l’activité médicale de l’année écoulée. Nous avons ensuite retrouvé JB, Yanis et Anaïs pour profiter ensemble de la fin de la journée dans la maison qu’ils ont louée pour quelques jours de vacances avant d’aller passer la soirée à St Pierre tous ensemble en compagnie de Johann également. Le Jeudi nous a permis ensuite de souffler un bon coup, d’expédier quelques affaires courantes, de compléter mon trousseau pour OP4, de dire au-revoir à Julien (bibcro) et Anaïs (bibams) et ensuite, enfin, de tester le kite-surf à St Pierre ! Mission délicate : la ville possède plusieurs plages qui ont l’air propices mais finalement rien n’est évident : les vacanciers sont nombreux à bronzer, il y a plein d’enfants qui jouent dans l’eau, et  les plages moins fréquentées sont en fait bordées de fonds sous-marins faits de coraux affûtés comme des rasoirs ! J’ai donc pu faire 4 minutes de kite, avant de m’apercevoir que la situation était vraiment trop précaire et les obstacles vraiment trop nombreux ! Nous sommes ensuite partis découvrir les hauteurs de St Pierre en footing ; quel plaisir de se dégourdir les pattes enfin sans bride ! Séance d’étirement dans la piscine de Georges, un copain de Johan, et restaurant de poissons frais pour terminer la journée ! C’est bon aussi d’être à terre ! Le vendredi a été plus studieux (réception de nos différents commandes, passage au bateau pour installer le Réflotron, réparé) ; on passe ensuite une chouette soirée avec JB et Yanis à piqueniquer sur la plage ; je m’échappe alors pour retrouver Agathe, une bonne copine de Lyon, qui est installée à St Pierre depuis 1 an et me fait rencontrer toute sa bande de potes, promesse de soirées très sympas à mon retour d’OP4 ! Mon escale de trois jours n’aurait pas été parfaite si Johann ne m’avait pas aussi proposé une petite rando sur le pouce samedi matin pour aller découvrir un coin escarpé, et sillonné par de puissants torrents de montagne formant par endroits des vasques profondes, à l’aplomb de belles cascades ! On se promène 2 heures ensemble, en escaladant les gros rochers qui bordent le lit du torrent, pour le remonter jusqu’à des piscines naturelles en amont, plus dures d’accès et plus sauvages ! Une très belle randonnée ! Puis c’est le retour vers St Pierre avant de rallier le Marion, un peu dans la précipitation car on apprend en fin de rando que le départ est avancé de 17 h à 14h30 : branlebas de combat pour arriver à temps, faire son sac en 5 minutes, appeler une dernière fois en métropole, sauter dans la voiture de JB et Yanis qui m’emmènent à bord et me confient plein de cadeaux pour leurs copains restés à KER ! Ouf, on arrivera à temps ! Au-revoir rapide et départ du Marion !
Ce chouette interlude à la Réunion m’a permis de bien recharger les batteries, souffler un bon coup, et me redonner envie de partir pour cette nouvelle rotation qui s’annonce plus feutrée, au moins au début !
J’ai donc le droit à un bon rab (21 jours) de navigation, après une mission d’un mois riche de découvertes ! Comme un bonus track, une chanson supplémentaire, à la fin d’un album qu’on a trouvé génial : un petit complément inattendu qui permet de prolonger la sensation, d’allonger la dernière foulée, d’apprécier encore ce qu’on vient de vivre. C’est comme se régaler d’une part de dessert en plus, et s’en délecter en recherchant le goût qu’on vient juste d’aimer ! C’est comme de revenir à la préface initialement sautée d’un livre qu’on a adoré, ou découvrir que cette BD si géniale a une suite insoupçonnée !

Cette rotation va être très intéressante pour moi car j’y prends vraiment les commandes de l’hôpital. Je vais donc pouvoir organiser son fonctionnement comme je le veux du début à la fin ; gérer mon temps à ma façon, me positionner au sein de l’équipage comme je le sens, gérer les commandes, travailler avec les médecins des districts de la manière dont j’ai envie, tant que je remplis les objectifs.
Je vais aussi pouvoir constater comment mes collègues se sont acclimatés depuis un mois, ma position me permettant de conserver un regard extérieur qu’ils ne manqueront pas de me demander.
Nous avons donc quitté le Port hier soir et fêté le nouvel an au large des côtes sud de la Réunion ; un peu comme à Noël, l’ambiance était au rendez-vous, même si on pouvait en douter au départ : le buffet était délicieux comme toujours, et la convivialité bien alimentée par l’enthousiasme des marins, avec le renfort de la cave du bateau, fraîchement réapprovisionnée !
Je vous présenterai la prochaine fois mes nouveaux petits compagnons de bord ! Ils valent le détour ! Par contre j’ai perdu Jean-Louis, qui n’a même pas trouvé de remplaçant…
J’espère que vos réveillons respectifs étaient réussis.
Bises.
Martin. 27°56S 54°21E

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