mardi 17 avril 2012

OP1 EP1 L’écoulement suave du temps qui glisse

Coucou les petits amis ! Voici le premier mail d’une nouvelle série…celle qui retracera  notre route pour la première OP de l’année : OP1 !

 Sortie du PORT, à la REUNION.
 Idem.

Nous sommes partis depuis mercredi soir 17 h. Les amarres ont été larguées à l’heure, tout le monde étant sagement installé à bord. Hormis un petit accident de parcours avec la commande en provenance de l’hôpital, tous les préparatifs se sont bien déroulés. En effet, alors que j’étais tranquillement en train de prendre mes quartiers dans ma cabine, 2h et des poussières avant le départ prévu, je reçois un coup de fil de l’hôpital de St Pierre me prévenant que j’avais laissé (enfin qu’ils avaient oublié de me transmettre) le carton contenant tous les stupéfiants (morphine, kétamine,…), des médicaments indispensables à bord ! Ne cédant pas à la panique, car l’idée de repousser le départ m’effleure alors, je contacte mes copains internes de l’hôpital, car seul un médecin peut réceptionner ce type de produits ! Et là, grâce à un petit miracle, Clélia semble dispo pour assurer cette mission de sauvetage : pas d’entrée dans son service cet après-midi, un chef conciliant (et surpris d’une telle situation), une voiture sous la main, et toute sa bonne volonté ! C’est parti! Une petite heure de route plus tard, voici Clélia et les stupéfiants qui arrivent à bord, ravis de cette bonne fortune : ils trouveront respectivement le temps de faire une visite personnalisée du bateau et une place dans le coffre-fort de la pharmacie ! Clélia, finalement heureuse de l’aventure, serait bien restée à bord je crois !

Les lieutenants « extérieur » se chargent de désengager la rampe d’accès, les moteurs s’élancent, la capitainerie donne son autorisation, et en quelques secondes, le bord du quai commence à s’éloigner, sous les mouchoirs blancs agités par les familles et amis ! Le Marion semble se réveiller doucement après 4 jours à quai ; il s’étire, s’ébroue et donne un petit coup de rein pour se dégager du port Est. Les gens sur le quai disparaissent déjà, la corne de brume fait résonner dans l’air de cette fin de journée ses élans graves et répétés. Le bateau de la capitainerie récupère le pilote qui a supervisé la manœuvre de départ. 

Arrivée à bord, par la pilotine, du pilote, qui supervisera la manœuvre de sortie du port.

Nous commençons à longer un peu paresseusement la côte réunionnaise par tribord, salués magnifiquement par un arc en ciel qui semble avoir attendu notre embarquement pour se déployer au-dessus du Marion ! Féérique ! Mais au fait, pourquoi laissons-nous l’île sur notre droite ? Par tribord ? Bizarrerie ? Erreur du commandant ? Inversion des pôles ? En effet, on s’interroge un peu à bord, car logiquement on devrait mettre le cap au sud et laisser donc La Réunion sur notre gauche (Le Port se trouve à la pointe Nord-Ouest de l’île). Après quelques tergiversations, la solution à ce problème de cap est évidente ! Car notre première escale sur cette rotation n’est pas Crozet comme habituellement mais Maurice, il faut donc faire route au Nord-Est ! On va en effet avoir droit à une escale ensoleillée et bucolique alors même que nous n’avons pas souffert encore une seconde de la rigueur du climat subantarctique !

 Ainsi, après une courte nuit de mer, et la découverte progressive de nos nouveaux compagnons de route, nous abordons Port-Louis jeudi matin et mettons pied à terre à midi après les longues formalités douanières.

Arrivée à Port-Louis.
Port-Louis.

Alignement de bateaux de pêche asiatiques, où les conditions de vie à bord semblent bien rudes !

 L’escale va permettre de charger une grue pour Amsterdam et son petit port, de faire les pleins d’essence et d’eau douce, et de nous dégourdir un peu les pattes. Nous partons donc à l’aventure dans les rues animées de Port-Louis, avec Sylvain (collègue à St Pierre aux TAAF, réserve naturelle) et Thomas, nouvel embarquant, jeune ingénieur de l’IGN qui va installer une station satellite à Kerguelen. L’idée initiale est de louer une voiture pour se promener dans le sud de l’île (Port Louis est dans le quart Nord-Ouest) en direction du grand Morne, site magnifique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Nous avons en effet la permission de 23h30, nous laissant assez de marge pour cette escapade ! En fait, ce projet est loin d’être évident car il n’y a aucune agence de location dans cette ville, celle-ci étant finalement très peu touristique ! Il nous faudra presque 4 h et un passage dans un hôtel de luxe pour dégotter la bagnole ! 

Notre loueur de voiture !

Encore un peu de patience...
Le Marion depuis le hall du grand hôtel !

 Et quelle voiture ! Une Mercedes Kompressor SL je crois (si ça existe) ambiance voiture d’ambassadeur ; car le parc auto de cet hôtel est du plus grand standing ! Me voici donc au volant de ce palace roulant, situation surréaliste, dans la banlieue assez défavorisée de Port-Louis, au milieu d’une circulation très dense et se faisant à gauche (volant à droite, donc !). Bien sûr aucun de nous n’a de carte, et on doit trouver notre trajet sur le dépliant publicitaire du loueur ! Après deux heures de route, on parvient quand même au Morne, et bénéficiant de la superbe ligne de la Mercedes, nous avons récupérer entre temps de jeunes filles françaises en voyage à Maurice ! Quel succès cette voiture ! Elles nous montreront la plage puis regagneront leur hôtel. Le bain de mer est splendide, éclairé par les lueurs du soleil couchant. La plage est presque déserte, l’eau à 28°C, le temps radieux. Cette expédition polaire démarre décidément très bien ! 

  Plage du Grand Morne
 Aussi
 Encore
 Toujours
Aussi
 Les petits kékés... (Sylvain à gauche, Thomas au centre)

Après quelques photos autour de la voiture au milieu des cocotiers pour fanfaronner auprès des collègues, nous partons à la recherche d’une terrasse d’un hôtel pour l’apéro ! Nous arrivons ainsi dans un immense hôtel luxueux ceinturé par de grandes piscines, circulaires, surmontées de pontons de bois, animées de courants artificiels ! Nous nous retrouvons au bar de l’hôtel où l’on nous sert des cocktails de fruits frais, sans rien nous demander (ni note ni numéro de chambre,…). Assis dans de profonds canapés autour des piscines nous savourons ce moment de luxe et de douceur, à l’œil ! Et retrouvons les auto-stoppeuses ! Nous sommes dans leur hôtel ! Elles rigolent bien de nous découvrir sirotant nonchalamment nos cocktails gratuits ! Petite soirée très sympa où elles nous inviteront même au buffet de l’hôtel, savoureux ! Quelques heures plus tard, nous remonterons à bord avec l’impression d’avoir vécu une parenthèse très étonnante lorsqu’on a embarqué pour une aventure polaire !

 Sur le quai, à Port-Louis.

 Nous avons ensuite quitté le port mauricien vendredi à 13 heures et longé les côtés jusqu’à repasser au large du Morne en fin d’après-midi. La houle commence ainsi à s’installer, les consultants à défiler, les placards de la pharmacie à se vider progressivement. En effet, les gens à l’oreille interne sensible sont déjà malades sur une mer pourtant assez calme ; leur amarinage devra durer 1 à 4 jours pendant lesquels on ne va plus beaucoup les revoir ! 

A bord, l’ambiance est très calme, le navire est loin d’être rempli ! Il y a surtout des contractuels réunionnais qui vont  remplacer leurs collègues ouvriers sur les districts pour la période d’hivernage. On trouve aussi une dizaine de touristes, surtout des métropolitains, retraités dynamiques, amoureux de voyages et de destinations inhabituelles, pour ne pas dire exotiques ! Il y a à peine une dizaine de scientifiques, surtout des sismologues. La moyenne d’âge est plus élevée que lors de mes rotations précédentes. Il n’y a pas de VIP à bord comme en janvier. Tout est plus tranquille et plus simple ! Pas de ronds de jambes nécessaires à l’horizon, pas non plus de soirée disco jusqu’à 4h du mat’ ! Ça tombe plutôt pas mal car j’ai embarqué plein de chouettes bouquins, plein d’émissions de radio et aussi des cours à travailler,… et de quoi faire des montages vidéo !
Je profite donc pleinement de ce temps libre car je suis maintenant un peu plus rôdé avec la gestion de l’hôpital de bord, donc plus efficace et aussi plus disponible ! Les différents petits aménagements que j’avais pu faire pour améliorer le fonctionnement du cabinet médical me servent bien maintenant, la logistique est facilitée et m’accapare moins ! C’est aussi très agréable de mieux connaître l’équipage qui a peu changé depuis OP3 et OP4 (en fait ils ont pris leurs vacances entre OP4 et OP1 puis sont revenus à bord en même temps que moi). Il flotte dans les coursives une impression familière voire  familiale ! 

Nous devrions arriver à Crozet mercredi 21 mars en fin de matinée. La météo est clémente, le ciel dégagé, la houle faible et régulière. Nous sommes aidés par un vent arrière établi pour au moins 3 jours, et avançons à un bon 14,5 Nds. 

J’espère que vous vous portez bien ! Prenez soin de vous !

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