jeudi 29 décembre 2011

QUAND CROZET N'EST PAS UNE NOUILLE SAVOYARDE mercredi 7 décembre


 Johan semble content d'arriver à notre première escale
 Terre, terre ! voici Crozet
 On s'affaire sur la DZ
 Bloc opératoire de l'hôpital de Crozet
 Détente à Crozet
 Petite troupe de jeunes éléphants de mer (noter le dynamisme sidérant et l’œil vif et malin !)
 Foule à la manchotière
 Un grand classique
 Petits manchots jouant dans l'eau
 Un scientifique et son sujet d'étude



Aujourd’hui, le Marion jette l’ancre et c’est la récré : l’arrêt crée la découverte, la respiration nécessaire, une cure de bon air, pour quelques heures une nouvelle ère, et enfin chacun erre : à sa guise ou escorté, le nez en l’air, ou le pas décidé. On nous offre une nouvelle liberté ! Et pour se dégourdir les jambes, un terrain de jeu féerique, presque mieux que l’Amérique, car aujourd’hui c’est : l’arrêt aux iles Crozet. Au-delà du 40° parallèle sud, on atteint une certaine plénitude, un univers très très beau, le pays des manchots. Alors un incroyable ballet se met en place, l’hélicoptère est installé, la liste d’appel affichée. Depuis 12 h maintenant le Marion est entouré d’escadrons de manchots royaux, qui comme de vraies torpilles, font le tour de la quille, à une vitesse ahurissante, malgré une mer très en pente ! Ces petits bestiaux, parviennent à fendre l’eau, plus vite qu’un avion, plus hallucinant qu’un champignon ! Mais il faut s’arracher à ce spectacle et sauter dans l’habitacle de notre valeureux hélico, qui nous catapulte un peu plus haut ! On met alors enfin, le pied sur un archipel lointain, et l’accueil est à la hauteur, de tous nos rêves d’ailleurs. On est pas venu en vain ! On va fouler un sol terrien, celui d’une île mythique, éloignée de milliers de milles nautiques ! Les hivernants nous accueillent comme des rois, à grands renforts de banquets presque gaulois, même si on est très loin de métropole, la fête n’en est pas moins folle. On nous fait visiter la base, on nous la décrit avec emphase, chaque recoin recèle une histoire, et bientôt c’est l’heure de trinquer, de boire ! A cette belle aventure, et aux rêves qu’on concrétise, à la possibilité d’une vie, presque même d’une utopie. Car finalement au bout du bout, au fin fond de l’océan indien, arrivent encore à tenir debout, une belle communauté d’humains. On faisait route en pleine mer, littéralement au milieu de rien, et pourtant en ce beau matin, on découvre une poignée de congénères ! Après la visite de la base, direction la manchotière… et là stupeurs et tremblements,  car au détour d’un long tournant, on voit enfin autre chose que la mer : devant nos yeux écarquillés, se tiennent en effet, plus de 20 000 fiers manchots, statiques, stoïques et très beaux.
Incroyable spectacle, comme la découverte d’un monde à l’état sauvage, ignoré des hommes, laissé à son stade originel : tout est fait pour perturber au minimum la vie animale, et on côtoie alors des petites bêtes pas farouches du tout, au très grand cou, qui nous mangeraient presque dans la main : et tous ces animaux stupéfiants cohabitent pacifiquement, l’éléphant de mer, pesant parfois 2t5, écrase parfois un petit manchot, mais vraiment par inadvertance… Sans cesse, on est estomaqué par le spectacle de la nature épanouie, sans entrave, sans mauvais génie ; l’homme a su s’y faire tout petit… Escorté par deux scientifiques, j’ai droit à une visite spéciale, on enjambe les barrières de protection, et pénètre au cœur de la colonie, suscitant la curiosité des piafs, on slalome à travers les manchots, gorfous, otaries, éléphants de mer, papous, pétrels et j’en oublie, sans créer aucune perturbation. Le paysage est inouï, avec dans le fond, la silhouette massive du Marion, qui semble surveiller d’un œil bienveillant, le bon déroulement des opérations. Puis, comme par magie, on me propose de participer à une « manip » : il faut isoler puis attraper un tout jeune adulte manchot royal, puis l’immobiliser, lui couvrir la tête d’une cagoule pour le calmer et enfin lui installer un « logger » : sorte de petit boitier électronique qui va permettre l’enregistrement continu, sur 2 ans, de différents paramètres pur mieux connaître les déplacements de la bête : capteur de pression pour estimer les profondeurs de ses excursions, ECG, thermomètre et analyse de luminosité pour calculer les durées d’ensoleillement et ainsi estimer sa position géographique : on a ainsi découvert que ces animaux, ui ces petits manchots, pouvaient nager sur plus de 2000 km et jusqu’ à 200 à 300 m de profondeur, en tolérant des hypothermies profondes !! Après 2 heures de manip, retour à la base A.Faure, pour rejoindre la DZ et bientôt retourner sur le Marion. Au passage pendant le vol retour le pilote nous gratifie d’un magnifique piqué juste au-dessous du bateau, nous permettant d’éprouver un instant l’apesanteur, au moment de la redescente !! Pas dégueu !
Demain lever à 4h00 pour aller observer depuis le pont du Marion le probable passage d’un incroyable escadron, celui d’une colonie d’orques, qui fraient souvent dans ces eaux !! (Lever du soleil 3h30) Puis j’ai à nouveau droit à une journée entière sur l’île de la Possession (comme aujourd’hui) pendant laquelle j’espère bien grimper au point culminant de l’île : le panorama doit valoir le coup !
Bonne nuit les petits loups, je saute dans mon lit, car demain frissons garantis, je vous raconterais tout, rassurez-vous !
Bien à vous,
Martin, encore tout émerveillé de sa folle journée…

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