jeudi 29 décembre 2011

TOUJOURS PLUS AU SUD samedi 10 décembre

 L'étrave avance, imperturbable, à 14 nds, vers des eaux plus sombres et plus froides...
 La luminosité change constamment, décrivant toute la gamme des gris.
 Dans cette immensité sauvage, l'hélico semble minuscule.
 Et se fait supplanter en tout par les albatros (habileté, tolérance aux vents, vitesse !)
 Arrivée à Kerguelen...
 Idem.
 A port-aux-français, base de Kerguelen.
 Excusrion en zodiac vers le cratère de l'île St Paul.
Idem.

Le Marion vogue, indolent, prêt à défier la brutalité de l’océan ; Sa coque solide continue à fendre les eaux, toujours plus sombres et glacées à mesure qu’on approche de Kerguelen. Nous avons repris notre route hier soir vers notre 2è escale. Ce transit est redouté, la mer y étant souvent plus forte. Nous avons pu le constater rapidement, la houle a grossi, la vaisselle a changé, les verres a fond plat ayant remplacé les verres à pied, des nappes maillées antidérapantes ont été rajoutées. Notre stock d’anti-nauséeux en a pris un coup, des chaises sont restées vides aux repas ;  mais globalement, les conditions de mer sont très correctes, Gégé nous l’a bien dit « c’est d’la mer d’fillettes… ». En plus, on est maintenant assez bien amarinés et pour moi la nuit et la journée ont été plutôt agréables.
Dans le bateau, on continue de faire connaissance ; j’ai eu le temps avant-hier de parler longuement avec Jonas, un finno-belge qui fait ses études à Brest (belle trajectoire !) en 3è année de doctorat de microbiologie marine : il est embarqué avec nous pour recueillir des échantillons d’eau sr certaines sources chaudes à Kerguelen et aussi je crois dans la baie de l’île saint Paul où une mission sous-marine aura lieu pendant les 3 jours d’escale à Amsterdam, toute proche. Le même jour, j’ai aussi rencontré une personne de l’ESA (European Spatial Agency), qui s’arrête quelques mois à Kerguelen pour ajuster les appareils de mesure, servant de relai entre certains satellites et les centres de traitement des informations, situés en France, Afrique du Sud,…Il me parle aussi de la Guyane, et de Kourou, où il a longtemps travaillé : le dépaysement ne s’arrête donc jamais !!
Les soirées au Forum sont de plus en plus sympa, à mesure qu’on se connaît mieux à bord. C’est vraiment génial de rencontrer tous ces gens, tous aussi curieux les uns que les autres, qui vont autant se raconter qu’ils vont chercher à mieux connaître leur interlocuteur : c’est vraiment un échange permanent, le bateau abritant des personnes de tous les âges, de tous les horizons, et mélangeant des scientifiques, des logisticiens, des plongeurs, des marins, des ouvriers, des techniciens, des militaires, des étudiants volontaires civils… Une incroyable mine d’informations et la promesse d’un paquet de belles rencontres !! C’est aussi une ouverture sur le monde incroyable, la plupart de ces gens-là ayant beaucoup bourlingué dans le cadre de leur travail (pôle nord, Mongolie, Afrique, Polynésie, antarctique, Amérique du Sud…).
Par ailleurs, le programme de notre escale à Kerguelen se précise : je viens d’apprendre que je vais accompagner un groupe de 5 touristes, en compagnie du guide de la réserve naturelle, Luc, d’un autre agent de la « RésNat », d’un personnel des TAAF : nous allons tous passer deux jours au lieu-dit « le laboureur », quelque part sur Kerguelen pour randonner, puis dormir en cabane !! Ce sera mercredi 14 et jeudi 15 ! Chouettos !
A l’hôpital, nous avons enfin fini les inventaires des touques qui seront héliportées près des différentes cabanes qui parsèment Kerguelen et aussi dans un refuge au pied du glacier. Ce dernier sera habité pour 3 semaines par 3 glaciologues au cours d’un protocole de recherche. Aussi, nous avons détaillé précisément le contenu des bidons qui seront à leur disposition, classant les médicaments par famille, collectant le nécessaire pour former des petits sacs quand ils iront en randonnée, et leur fixant RDV demain pour un petit cours particulier de premiers secours car ils seront en autonomie complète pendant 3 semaines, sans médecin.
Voilà, voilà, la petite vie continue à bord, et nous apprenons aussi à s’adapter à la houle, plus forte depuis 24 h ! Entraînement impératif pour réussir à faire pipi proprement même en cas de grosse secousse, gros travail aussi pour arpenter les coursives sans se cogner à chaque pas aux cloisons, concentration particulière pour réussir un pansement en équilibre, les 2 mains prises par les instruments, technique spécifique indispensable pour réussir à se laver les pieds sous la douche sans se vautrer lourdement, habileté indispensable pour réussir à se raser sans coupure !
Nous avons ajouté une grosse part d’Est dans notre route sud  à tel point que nous allons changer d’heure cette nuit : nous étions encore à l’heure de la Réunion jusque-là soit (+3h par rapport à la métropole) : cette nuit nous avançant encore d’une heure nos montres pour se caler sur le fuseau du Pakistan : quand il sera 23 h en France, il sera ici 3 h du matin !
Le voyage continue, les moteurs tournent rond, les passagers continuent d’écarquiller les yeux comme autant de grands enfants ébahis !
Bien à vous,
Martin, position actuelle 47°54 Sud 59°13 Est

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